De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

104 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS plus le pacte des citoyens, mais leur antagonisme; que clepuis le 2 Décembre 1851 la Justice est débordée en Frane~ pa1~ la raison d'État, et què cette raison d'État a pour objet le maintien, le développement et la plus grande satisfaction des intérets établis; que c'est dans cette vue qu'a été créé, par le vote de six millions de suffrages, le pouvoir discrétionnaire de l'empereur; qu'en un tel état de choses l'autorité impériale doit etre considérée com1ne primant la majesté nationale; qu'ainsi le salut du prince et de sa dynastie l'emporte sur la foi et l'honneteté publiques, par ces motifs, etc. rroutes les institutions, toutes les lois, tous les actes du gouvernement impérial, se ramènent uniformément à ces termes : la déchéance du pays, la prééminence .du prince, la suprématie de son libre arbitre sur la foi et la !aison publiques, le tout en vertu d'intérets qui autrement se t~ouveraient compromis; ce qui constitue proprement l'indignité du pays, l'abolition de la majesté nationale. En vain les ministres de ce gouvernement protestent de leur réserve; en vain allèguent-ils qu'il ne s'agit pour le gouvernement que de déjouer les complots; qu'il ne sera fait usage de la faculté accordée que dans des cas exceptionnels, etc. Tous ces lieux communs sur la nécessité, la modération, les bonnes intentions, ne font que mettre davantage en relief l'immoralité de la chose. Il n'y a pas de nécessité politique ·plus grande que celle de respecter le clroit; il n'y a pas de modération qui en rende la violation licite, pas de bonne int'ention qui excuse une félonie. Chacun sait que ses secrets -- sont à la discrétion de la police; tout est dit. Plus de foi publique, plus de société, plus de nation .. BibliotecaGino Bianco

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