Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
DE P.-J. PROUDHON. est elle-même la norme suivant laquelle la société se dé- veloppe. Cette proposition est l'objet spécial de mon livre. Ce qu'il y aura de changé par cette révélation, ce seront nos opinions, ce sera notre discipline intellec- tuelle; de même que par la révélation des Newton, des Galilée et des Copernic, les systèmes des astronomes ont été bouleversés. Que dis-je dès les premières pages de mon livre? Que la société, pour se constituer définitive- ment selon sa norme, est appelée à la connaître; que jusque-là elle parcourt une série d'épreuve6 ou de révo- lutions, dont le terme est la perception de la loi abso- lue. Si donc j'ai bien réellement fait ce que votre objec- tion suppose que je n'ai pas prévu, avouez qu'il ne vous reste rien à dire. Mais, en franc orientaliste que vous êtes, vous vous rejetez dans le sein de la fatalité. La fatalité? Comment pouvez-vous prendre cette vieillerie pour la loi du monde, à moins que vous ne l'entendiez ainsi, su1nma leœ, summanecessitas? Car observez que ce mot de fata- lité ou nécessité ne représente rien à l'esprit; toutes les fois que }e l'entends prononcer, il me semble avoir un étourdissement. Remarquez de plus l'heureuse applica- tion que ce mot me permet de faire de ma critique de la philosophie. Les philosophes, chercheurs de CAUSES, entendent par fatalité, nécessité,destin, etc., une FORCE invincible , toute - puissante, inexorable , inflexible , c'est-&-dire quelque chose de parfaitement inintelli- gible. Nous, métaphysiciens, au contraire, chercheurs de Lors et de RAPPORTS, nous entendons par fatalité la condition suprême de toute chose, le pourquoi et le com- ment qui fait que chaque chose est ce qu'elle est, et ne peut, sans perturbation, être autrement que ce qu'elle est; comme, par exemple, la racine carrée de 64 est Biblioteea Gino Bianco
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