Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

92 CORRESPONDANCE parce qu'un journaliste est un bavard qui croit que la rhétorique est la clé· de tout. Je suis déjà passctblement au fait de la navigation fluviale; à m'entendre parler l'argot des mariniers, on dirait quelquefois un maître. C'est ici surtout que je puis me convaincre de la vérité de mes paradoxes ; ·l'effet du progrès industriel ainsi que de la libre con- currence est de faire baisser sur tous les points le béné- fice jusqu'à concurrence du prix du travail. Nous tou- chons au moment où de gros capitaux ne serviront plus dans le commerce qu'à s'assurer un emploi, dont tout le revenu sera, comme je vous le dis, le prix du travail personnel. Une association en garantie des capitaux est désormais inévitable; il faut, je vous le répète, être sur les grands centres industriels pour s'en convaincre. J'en aurais long à vous dire pour vous peindre le désordre qui règne ici partout, désordre qui n'est égalé que par la bêtise des acteurs. Les niaiseries et l 'imbé- cillité de notre gouvernement m'apparaissent plus que jamais dans toute leur vérité; et si j'ai commencé à devenir réformiste, par mes seules réflexions, je le suis bien davantage depuis que je vois et que je touche. Non, je n'en doute pas, encore trente ans de ce régime, et la France est morte. Je vous laisse à penser ]à-des- sus quelle peut être ma conclusion. Périssons plutôt que de pourrir dans cette gangrène I... Je vous remercie des témoignages de votre bonne amitié; je vous dirai mieux, j'y compte, et n'en doute pas depuis longtemps. Présentez mes hommages à M 11105 Blécher, et n1es amitiés à M. Biche1. Je suis encore effrayé du danger qu'a couru votre gentille petite fille; voilà ce que c'est que de n'avoir qu'un enfant!· Biblioteca Gino Bianco I

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==