Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

DE P.-J. PROUDHON. 91 les affaires et de les mener. J'aurai, je crois, en ces messieurs des patrons dévoués et reconnaissants ; je ne les quitterai pas non plus pour d'autres, ou par un coup de tête, ou sans avoir mon nid tout fait; mais vous sentez qu'il ne peut guère me convenir de patauger toute ma vie dans cette boue lyonnaise. Oh ! la sale cité! Dieu veuille que la négligence de toilette qu'o1:1m'a toujours reprochée ne dégénère pas ici en crasse!. .. Depuis que je suis à Lyon, j'ai pris des lunettes, et je m'en repens. Auparavant toutes les femmes du pays me paraissaient passables; à présent elles me semblent atroces. J'en accusai d'abord mes verres; mais, un jour que je fus au musée, je reconnus que les belles choses me paraissaient effectivement très- belles, plui, belles même que nature; que les laides étaient enlaidies. A la campagne, le paysage a quelque chose pour moi de velouté, d'adouci, que la réalité ne pré- sente pas. J'en ai conclu que mes lunettes découvraient les défauts de forme les plus cachés et dissimulaient les défauts des couleu1~s et des teintes. Lyon est un mélange de population débauchée et bigote; j'ai vu les plus belles processions du monde; de longues rangées de petits garçons et de petites filles couronnés de roses; on aurait dit des nuées de chéru- bins. Le clergé est ici tout puissant. - Nota. Si, quand vous aurez à parler d'un sot, vous avez besoin d'un exemple, ne manquez pas de citer M. G***, libraire ecclésiastique, mari de M 11 e C·***. J'ai fait deux voyages aux mines de Saint-Étienne et Rive-de-Gier. J'ai vérifié par moi-même ce que c'était que la coalitioncharbonniJre et la moralité des exploi- , teurs dissidents et libres. Il y a là-dessus des choses à dire dont ne s'avisera jamais un journaliste; et cela Biblioteca Gino Bianco

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