Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

CORRESPONDANCE ' 1110 trouver. Il y allait de cinq ans de prison au moins; amende, confiscation, etc. En même temps je rencon- trais de généreuses sympathies. Si l'on m'avait appliqué 10,000 francs d'amende, ils eussent été en deux jours couverts par souscription. L'Académie, par son journal (notre Académie s'est faite journaliste), me plaçait sur la même ligne qu'un assassin et un infanticide; et, vu mon manque de fortune, invoquait pour moi 10 ans de fers et 50 francs d'amende. Rangez cela parmi les an1.é- nités littéraires. Lorsque l'avocat général eut prononcé son réquisi- toire, l'effroi était au comble. La seule lecture des pas- sages incriminés, faite d'une voix sonore et éloquente, faisait frémir rauditoire. A dire vrai, je n'avais en~ore rien écrit de plus véhément et de mieux travaillé. Puis .i 'avais eu le tort d'attaquer tout le monde, en sorte que je ne pouvais inspirer d'intérêt d'aucun côté. - Relati- vement à moi, l'attente était extrême. Que va-t-il dire pour sa défense? se rétracter? ce serait se déshonorer, sans profit; le pouvoir ne pardonne pas au repentir; s'expliquer? cela paraitra louche et de n1auvaise foi ; invot1uer la liberté des opinions? lieu commun rebattu; insister avec audace? c'est aggraver sa position. - Mon interrogatoire avait produit surtnut un effet magique lorsque, inLerpellé sur 1 J.n passage de ma brochure, oü je menaçais ~es propriétaires de quelque chose qui n'était ni l'assassinat, ni le pillage, ni l'insurrection, ni le re/its cletravail, ni l'incendie,ni le 1 régicicle, etc., mais qui était plus terrible et plus efficace qite tout cela, je refusai de répondre. A ce moment· on me crut perdu. On s'épuisait en conjectures sur le fatal secret; c'était un beau texte pour faire de moi un génie infernal. Je puis vous dire que j'avais en vue la réorganisation des Biblioteca Gino Bianco

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