Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

382 CORRESPONDANCE , 1;1.ese gâtent. Tout le monde <iit qu'il faut sortir de la, voie où l'on est entré depuis le 10 décembre, rappeler les troupes de Rome, réconcilier les partis et s'occuper d'a~aires. Louis Bonaparte, Falloux, Faucher, le Cons- titutionnel, et je ne sais encore quels boute-feux, ne veulent pas en entendre parler. Les conservateurs nous feront un 93 malgré nous. J'aimerais pourtant bien mieux sortir de prison par une amnistie que par une révolution I J'attends mon sort; mais convient-il que le pays fasse comme moi? N'est-ce pas à lui ~ faire connaître sa volonté? Je ne vous fais pas mon compliment de vos élections. Notre malheureux département sera-t-il donc toujours signalé comme le plus rétrograde, le plus cafard, le plus antirépublicain? Qu'est-ce qu'ils espèrent donc, vos nobles, vos académiciens, vos magistrats et vos curés? Ont-ils bien réfléchi que nommer des hommes tels qu'un Montalembert, un Pidoux, etc., c'est se reposer en une petite Vendée et déclarer la guerre à la République? Malheureux! savez-vous seulement ce que vous faite~ en irritant le monstre l Vous aurez sans doute entendu parler , dans ce der- nier temps, de ma polémique avec les journaux rouges. D'abord ils m'ont injurié parce que je défendais la Constitution; puis ils se sont rangés à mon avis. Grâce à moi, les révolutionnaires vont s'établir de plus en plus dans la légalité, et là, invincibles, ils ne tarderont pas, si la majorité continue comme elle a comn1encé, à devenir les maîtres. Adieu, mon cher ami. Écrivez-moi une bonne lettre d'amitié; parlez-moi de ces dames, de votre jeune fille, de votre vie de famille, cette vie que je ne connais plus depuis deux ans , que je ne retrouverai peut-être Biblioteca Gino Bianco

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