Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
DE P.-J. PROUDHON. 381 que si j'étais en pleine liberté à Genève. La liberté d'un exi·léest fort coùteuse, ses ressources sont bien pré- caires; ,la nouvelle situation qui m'est faite change tout cela. Je perds seul au malheur qui m'arrive; je crois que mes créanciers y gagneront. Je ne crois pas que je dépense à Sainte-Pélagie plus de 1 fr. 50 à 2 francs .par jour. Au surplus, dans ce temps d'épidémie, il y a plus à prendre de précautions hygiéniques qu'à se préoccuper de la subsistance. La mortalité, d'après ce que j'ai appris hier à la pré- fecture de police, est en ce moment de six cents per- sonnes par joui:, tant pour la ville que pour les hôpi- taux. Triste résultat de la révolution, que j'ai prévu, prédit, et dont la gravité dépasse mes prévisions. En temps ordinaire, le nombre de décès pour le départe- ment de la Seine (1,364 ,OOUhabitants) est de quatre- vingt-dix à cent par jour. Il est aujourd'hui six à sept fois plus grand 1. . La ville commence à s'émou- voir; on visite les prisons, les hôpitaux, tout ce qui peut être un foyer d'infection. Vous sentez que la qua- lité de prisonnier est peu favorable à l'hygiène dans des temps pareils; je compte sur mon énergie, ma pru- dence et aussi sur mon étoile. Ma mort serait une absurdité de la Providence en ce moment. Ceux qui me haïssent le plus ont besoin de moi 1 Mais il faut s'attendre à tout. Qui sait? vous apprendrez peut-être un de ces jours ma mort, comme vous avez appris mon arres- tation. La politique va bien mal. La Législative me semble un vrai conciliabule d'énergumènes. Les départements ~ nous ont envoyé cinq cents forcenés qui se croient conservateurs et qui exaspèrent la Montagne, déjà trop disposée à s'échauffer. J'ai grand'peu·r que les affaires Biblioteca Gino Bianco
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