Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

·CORRESPONDANCE Tous J'ai dit autrefois : pensez, d'après votre propre cœur, à ce que doit être le mien, et soyez sûr que tel il est .. Mais, vous le voyez, ma vie est une lutte, une lutte atroce. Aujourd'hui avec les fouriéristes, hier avec les montagnards; une autre fois avec les communistes, les femmes socialistes, etc. Toujours avec les économistes, les royalistes, les catholiques. J'ai été déjà deux ou trois fois dépopularisé et repopularisé) suivant qu,e l'événement vient donner raison à mes prévisions et à ,.. ma tactique. J'ai cent lettres où 1' 1 on me menace de ~ I me fusiller, de m~éventrer, de m'empoisonner, de me pendre: et je vais toujours. Le mouvement en ma faveur semble déjà gagner à Paris la petite bourgeoisie, et cela fait trembler le Constitutionnel. Mon journal est lu par 200,000 lecte11rs, et depuis ma réconciliation .avec la Montagne, je suis soutenu par tous les journaux répu- blicains de province, ce qui m'attache, par la commu- nauté d'idées, plus d'un million de citoyens. Ma car- rière ne fait que commencer; et, croyez-le, il s'en faut que je sois, comme tant d'autres, même dans le socia- lisme, un homme usé, fini. Au milieu de tout cela; je pense fréquemment à mes amis; mais il faut qu'ils me permettent de ne leur pas écrire. Je voudrais bien prendre un congé, aller faire un tour à Granville et prendre l'air sur l'ile des Moineaux, puis manger votre soupe. Mais quoi? si le jury m'envoie en prison l Adieu, mon cher ami; plus de doute sur mon compte, cela me fait mal; et j'ai assez des tribulations que m-e causent mes ennemis. Tout à vous. P.-J. PROUDHON. Biblioteca Gino Bianco

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