Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
DE P.-J. PROUDHON. 3i9 Paris. 18 décembre 1848. A JtllONSIEURANTOINE GAUTHIER Mon cher Antoine, je commence par te faire mes compliments bien sincères sur ta nouvelle paternité. Depuis longtemps Mmes Gauthier mère et belle-fille étaient rangées dans mon esprit sur la même ligne; je croyais que leur temps était passé à toutes.les deux, l'une pour ses soixante ans, l'autre pour sa philosophie. Qui diable se serait douté qu'en philosophant on pouvait faire des enfants? ... Mais voilà qu'au lieu d'une fem1ne passée à l'état de prud 1 homme:tu as une jeune fe1nn1e <lans toute la force du mot. Crois-moi, mon cher, cela vaut mieux qu'une femme mûre ou bel esprit. Je n'ai jamais eu de goûe,, 1noi, que pour les jeunes femmes. Les vieilles me semblent toutes sorcières. Tu te plaîns toujours que je ne fasse rien de ce que tu me dis; et 1noije me plains de ce que tu ne penses jamais rien de ce que je pense. Nous sommes à rebours l'un de l'autre, comme dans ces jeux de cartes où les figures ont deux têtes renversées, et point de pieds. Il nous faudrait l'éternité pour nous mettre d'accord et 1 nous entendre. Cela vient probablement de ce que tu es père, triple père de famille, et que moi je suis garçon. On m'a toujours dit que je penserais tout autrement si j'avais une femme. Je veux tàter de cela. Mais j'ai bien Biblioteca Gino Bianco
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