Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
DE P."-J.PROUDHON. 333 ceux qui ont pris des femmes les gardent; je ne suis pas assez philanthrope pour séparer ce que l'amour a joint. Au surplus, je suis si peu communiste que c'est précisément comme adversaire de la communauté que les Icariens m'ont rayé de la liste de leurs candidats. Pour ce qui regarde ma célèbre définition, la Pro- priété, c'est le vol! c'est là une question d'éconon1ie spéculative à débattre entre le commissaire du Gouver- nement provisoire, M. Drevon, et moi, mais qui ne touche en rien à la pratique des affaires, la seule chose qui intéresse nos concitoyens. Quand je dis que la Pro- priétè est le vol, j'entends, par exemple, que les paysans sont en général trop peu riches, qu'ils ne mangent pas àssez de viande, ne boivent pas assez de vin ; que leur pain est trop n1êlé d'orge, avoine et autres fécules ; qu'ils paient le sel trop cher : en un mot, qu'il ne leur passe pas par les mains assez d'argent. Pour eux, le numéraire est toute l'année comn1eil est à Paris depuis un mois; c'est un désordre auquel je me propose d'ap- porter remède. Je n'insisterai pas sur ma foi religieuse. Quand on ne • me parle de rien, j'ai la religion du charbonnier: Dès qu'on veut m'obliger à croire, mon esprit se rebiffe; il est dans ma nature de toujours contredire à l'autorité. J'ai pour les ecclésiastiques , comme pour tous les fonctionnaires publics, en général beaucoup d'estime; mais j'ai toujours été rebelle à l'Église c~nnme au gou- vernement. Je veux que l'État paie les prêtres tant que la reli- gion sera l'un des principes de la société; mais je ne veux pas que le salaire donné par l'État devienne pour la religion un moyen d'existence, puisqu'alors elle serait elle-même un produit parasite; elle ne serait plus BibliotecaGino Bianco
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