Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

331 CORRESPONDANCE piété , son civisme, son respect pour les traditions franc-comtoises, toutes choses qui doivent rendre ma candidature chère aux habitants du canton de Morteau. Mes antécédents politiques sont connus, et tu peux en rendre témoignage. Je suis républicain, non pas seulemeJ?.t de la veille, mais de l'avant-veille : la date de mes opinions remontant, si je ne me trompe, à 1827 ou 18128, alors que personne ne savait ce que c'était que la Marseillaise. Sous ce rapport, j'offre donc toutes les garanties désirables de fidélité à la République. Je dois dire cependant que depuis 1827 mes idées se sont un peu modifiées, en ce sens que je ne suis ni girondin, ni montagnard, ni même babouviste; mon esprit a marché avec le siècle. Aussi je crois la Consti- tution de 1793 aussi parfaitement insignifiante que la Charte de 1830 ; et si je trouve à redire à la politique du Gouverne1nent provisoire, c'est de nous donner une répétition de 92, faute par lui de comprendre que nous sommes en 1848. Si donc je faisais partie de l'Assem- blée nationale, je demanderais compte au Gouverne- ment provisoire, lorsqu'il viendra lire son discours de la couronne, de ce faux esprit révolutionnaire qui se fait remarquer dans tous ses actes, et auquel j'attribue les trois quarts du malaise de la situation. Quant à mes idées sociales, ce point est le plus sca- breux de tous. On ne manquera pas de dire aux bons habitants de la n1ontagne que c'est moi qui ai écrit ces horribles n1ots : La Proprùfté, c'est le vol! On en infé- rera que je veux la communauté des biens~ des femmes, des enfants, que sais-je? peut-être la communauté des j arobes et des bras I . ' Tu peux dire hautement que je ne veux pas qu'on démarie qui que ce soit; que j'entends au contraire que Biblioteca Gino Bianco

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