Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
• DE P .-J. PROUDHON. 31 car j'aimerais bien savoir tout d'une fois et n'être pas renvoyé de Pilate à Barabbas. Quand connaîtrai-je enfin tout ce que vous me reprochez? Je remarque une chose : dans la Propriété, les écono1nistes ne veulent voir que le ressort qui jusqu'à ce moment a formé les capi- taux; les }urisconsultes, que la souveraineté de l'homme sur la chose et la transmission de cette souveraineté, principe d'ordre et de gouvernement; les philosophes y voient surtout l'individualisation de la personne dans la société, et la manifestation du moi dans les choses. Et, comn1e les uns et les autres se demandent:· - Sans Propriété, comment concevoir la formation des capitaux, sans Propriété, comment imaginer un principe d'ordre et de gouvernement; sans Propriété, que devient le signe caractérisque de la personne? - il arrive que, malgré la puissance des objections, malgré la force du doute, personne n'est ébranlé. Je voudrais donc savoir si les arguments que vous tenez en rés~rve, et qui peuvent être nombreux, se ramènent aux trois points sommaires que je viens de poser; cela me mettrait tout à fait à l'aise, et vous rendriez service non-seulement à moi, rnais à la science elle-même. Au reste, j'avoue que la Propriété, malgré tous ses vices, est un de ces principes qu'on ne doit, qu'on ne peut même abandonner que lorsqu'on n'a pu y substi- tuor un autre principe qui, sans avoir les défauts qu'on reproche à celui-là, en produise tous les bons effets. C'est ce que j'ai pensé dès le premier jour, et dès le premier jour je me suis occupé d'organisation, mais sans cesser d'attaquer la Propriété, persuadé, d'une part, que ce qui est sujet à de si terribles inconvénients n'est point l'expression de la nature ni du droit, ni le dernier mot de la Providence; d'autre part, qu'il n'y Biblioteca Gino Bianco
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