Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

318 CORRESPONDANCE /r dictature et des façons cavalières de l'homme. La plu- , part de vos collègues, comme de vos chefs, mon cher • Pilhes, sont de vrais somnambules. Ils ne voient par- tout qu'aristocrates, réaction, contre-révolution; ils -inventeront même une coalition ! Or, l'Europe est à ses affaires; elle ne pense pas à nous. Des aristocrates, il ' 1 n y en a point. Tout le monde est pauvre, tout le monde est prolétaire. Car, tout le monde vivant de la circu- lation, et la circulation étant arrêtée, les conditions sont égales. C'est la misère pour tous. Une contre-révolution l Elle est peu à craindre. Cha... cun a senti, d'une manière plus ou moins claire, que toutes les idées concluaient à la République, qu'on était républicain sans y penser, que le parti qui, porte ou usurpe ce nom n'a que l'avantage de l'avoir su plus tôt. On s'arrange de la République, mais pas d'une vieille tragédie. Surtout on ne tolère pas l'exclusion. Comment, en effet, la République durerait-elle en France, si elle n'était dans toutes les idées, dans tous les besoins?.~. La thèse était belle à développer ; on aurait eu plaisir à voir les patriotes prendre ce biais; ne pas faire de la révolution leur propriété; triompher modestement d'avoir eu raison depuis dix-huit ans. Les malheureux ne l'ont pas compris. Tout pleins de leur histoire révolutionnaire, ils voient les choses à rebours de ce qu'elles sont; et c'est pourquoi leurs actes sont à rebours des sentiments généraux. Mon projet d'organisation du crédit est imprimé depuis bientôt huit jours; je n'ai pas encore obtenu un mot d'aucun journal. Fauvety seul l'a inséré dans sa feuille, mais sans le faire valoir. Ceux qui le lisent admettent tous mon projet de banque d'échange; mais les têtes sont tellement emportées, qu'on n'est pas tou- Biblioteca Gino Bianco

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