Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

DE P.-J. PROUDHON. 297 au gouvernement comme à la masse. Quiconque atta- querait le gouvernement comme je le fais courrait risque d'être écharpé; quiconque répéterait mes anciennes propositions serait peut-être fusillé. Je puis seul me tirer de là, et peut-être dégager la République. Plus nous avançons, plus je vois que j'ai seul le monopole de mes idées. A moins que mal- heur ne m'arrive ou que l'injustice ne soit la destinée sociale, je dois arriver haut et loin. Je ne de1nande cependant, si je suis assez heureux pour servir mon _pays, qu'une mission scientifique qui me permette d'étudier à mon aise le peuple français et de pousuivre mes flâneries d'économiste. On a reçu hier soir la nouvelle que Berlin venait de proclamer la République. - On répète que Nicolas Ier est mort. A Vienne, Metternich est en fuite; on ne sait plus oil l'enthousiasme républicain s'arrêtera.Je suis pour beaucoup dans ce mouvement de l'Allemagne. Mon dernier ouvrage y a- fait fureur et on attend la suite. Ainsi les chances de guerre s'en vont de plus en plus; comme je vous le disais, la confédération des républi- ques européennes se forme, et nous n'aurons devant nous que la question sociale. C'est bien assez. Dans trois jours, je publierai, après les deux pre- mières livraisons de mon livre, une proposition au gou- vernement provisoire, sur le travail, le crédit et la cir- culation. Ce sera une application particulière· de mon principe et déjà même toute la solution. Adieu, mon cher Maurice; mes respects à Mmes Ble- cher, et gardez mes lettres. Je vous écris avec le même abandon que si je causais avec vous, et je n'aime pas à mettre le public dans mes confidences. Vous ferez part Biblioteca Gino Biahco

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