Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
I 296 CORRESPONDANCE ment paraître de moi achèveront ce, que la bienveil- lance de la classe ouvrière a déjà commencé. Or, le cas échéant où je serais nommé à Besançon et à Paris, j'opterai pour Besançon. Je sens à merveille, mon cher ~Iaurice, combien, dans ces moments critiques, il m'est commandé plus - qu'à tout autre d'être modéré. La fameuse formule : La Propriété, c'est le vol! circule partout à voix basse; les ouvriers s'étonnent et s'impatientent de ne me voir ' figurer nulle part, et les bourgeois tremblent que je ne poursuive sur le même ton. Vous devez sentir, vous qui me connaissez, que la polémique passionnée est finie pour moi. Si dans mes publi~ations futures il se retrouve quelque chose de cette verve ironique et massacrante, ce sera unique- ment contre le gouvernement provisoire, que j'accuse d'imbécillité, de terrorisme et d'inintelligence absolue de la révolution. - Je veux assurément, je veux aujourd'hui plus que jamais la réforme économique; mais je n'ai besoin pour cela ni de la terreur, ni de la loi agraire. C'est ce que mes trois premières brochures ou livrai- sons, que vous recevrez d'ici à huit jours, vous feront comprendre. - J'écrirai ensuite aux ouvriers bison- tins pour leur expliquer ma pensée. J'aime à croire que bon nombre d'honnêtes gens, édifiés sur l'équité et la modération de mes sentiments, m'appuieront de leurs suffrages. · Ma position est incomparable. Je suis l'homme qui fait le plus de peur, et par conséquent celui dont le langage conciliant peut avoir le plus d'effet. Personne autant que moi, aussi bien que moi, ne peut parler avec a~tant d_'autorité aux prolétaires et aux bourgeois, 1 Biblioteca Gino Bianco
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