Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
DE P.-J. PROUDHON. 293 J'ai été obligé de raccommoder mon travail et de le mettre à runisson des événements. On dirait n1ainte- nant qu'il a poussé comme un champignon dans la barricade. Dans ma première livraison, je mitraille le gouvernement provisoire. Si j'avais publié cela trois jours après la révolution, je suis sûr que le gouverne- ment provisoire aurait été du coup démoli. Vous apprendrez avec plaisir que je figure sur deux listes de candidats pour la députation de Paris. L'une est du deuxième arrondissement, l'autre du faubourg Saint-Antoine. Je ne sais qui s'est avisé de moi, et les personnes qui ont vu les listes et qui les ont approuvées n'ont pu me le dire; mais entre la candidature et l'élection il y a loin, comn1e vous savez; et d'après ce que je vous marque plus haut, je n'espère pas du tout que la coterie du National, qui se rallie tous les bour- geois, laisse passer un nom aussi effrayant que le mien. Toute mon espérance est donc dans les clubs. Quand l'Assemblée sera réunie, je publierai mon projet; je le ferai discuter dans les clubs, et puis nous irons, avec nos fusils, porter des pétitions à l'Assemblée. Je ne prévois pas que la chose puisse s'arranger autrement. 11 n'y a point d'idées dans les têtes; tout le monde ne voit dans cette révolution qu'un accident; on ne comprend pas ce qu'elle veut dire; les plus chauds ont beau se battre les flancs, ils ·ne sont que jacobins, ce qui est trop vieux pour nous. Comment donc les 700 membres de l'As- semblée ne voient-ils mieux que les journalistes qui travaillent et les avocats qui brouillent, ce qu'ils ont à faire? M. Gauthier ainé m'a écrit, l'autre jour, pour me dire qu'on songeait à moi à Besançon pour me faire député. Je ne sais s'il a voulu railler, suivant son habi- Biblioteca Gino Bianco
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