Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

DE P.-J. PROUDHON. 289 Parh:, 1er mars 1848. 1 A M. MAGUET Mon cher Maguet, je suis maintenant aussi paresseux que vous, et je n'écris plus à qui que ce soit. J'ai hor- reur de la plume et de l'écritoire. Vous jugerez à quel point, quand je vous dirai que j'ai perdu ma mère il y a deux mois, ma tante il y a six semaines, et que j'ai quitté le poste que j'avais à Lyon pour venir vivre à l'aventure, sans souvenir de la veille ni. souci du len- demain. Tout cela s'est passé sans que je vous eusse prévenu de rien, bien que j'aie souvent pensé à vous, mais par la seule raison qu'il aurait fallu écrire. Nous voici avec une révolution de plus sur les bras : Louis-Philippe dégoûtait ~i fort que, malgré l'obscurité de l'avenir et Je hasard de l'inconnu, on a mieux aimé en finir avec lui que rester davantage dans le statuquo. Et d'ailleurs qu'importe que 500,000 hommes meurent chaque année de guerre civile et étrangère ou de misère lente? Ce qui est fait est bien, puisque c'est fait; mais je vous jure que je n'en suis guère ému, et qu'après avoir pris part active à l'affaire je reste peut-être le seul homme en France qui ne soit point révolutionné. CORRESP. II. 19 BibliotecaGino Bianco

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