Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
284 CORRESPONDANCE choses ; qui sait ? Peut-être vais-je faire de l'opposition; qui sait encore? J'entends des ouvriers qui crient : Vive la Répu- olique ! à oas l'escamotage! Pauvres gens! L·escamotage les enlace; ceux-là même qui vont gouverner en sont les agents aveugles et les premières dupes. L'intrigue est partout ; le bavardage triomphe : nous avons fait une répétition du 10 août et du 29 juillet, entraînés par ' l'ivresse de nos romans historiques ; sans que nous nous en apercevions, nous somn1es devenus tous des personnages de comédie. Ce qui se passe sous mes yeux, et à quoi j'ai parti- cipé sans y croire, est chose toute factice, où je ne recoPtnais rien de primitif et de spontané. Fuissé-je ne me pas tromper l Niais c'est de ce jour que je crois à notre décadence, à moins que des idées graves et fortes~ empruntées ailleurs qu'aux discours de Robespierre, ne viennent retron1per nos intelligences et nos carac- tères. Peut-être aussi que je suis n1al placé pour bien juger. Mon corps est au 1p.ilieu du peuple, 1nais 1na pensée est ailleurs. J'en suis venu, par le cours de mes idées, à n'avoir presque plus de communauté d'idées avec mes contemporains, et j 'ain1e mieux croire que mon point de vue est faux que de les accuser de- folie. Mes respects, s'il vous plait, à Mmes Blécher. Si vous voyez Micaud, faites-lui part de ma lettre et priez-le de m'excuser. Je suis paresseux, dégoûté, flâneur, et je songe déjà à me tirer de cette confusion. Je vous ,embrasse, mon cher Maurice, bien cordiale- ment. P .-J. PROUDHON Biblioteca Gino Bianco
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==