Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

\ DE P.-J. PROUDHON. 283 obtenir cet effet, il s'agit donc d'occuper la troupe sur quelques points, de la faire courir après l'émeute de barricade en barricade , pendant que l'on en élève partout; et puis, quand l'impulsion première a entraîné tout le monde, que la ville est sens dessus dessous, l'armée réfléchit, hésite ; le gouvernement recule et parlemente; le peuple avance, et c'est fait. Mais, je n'en suis pas moins convaincu qu'avec dix mille hommes de troupe qui eussent voulu remplir leur devoir, un géné- ral aurait eu facilement raison de l'émeute; aussi, je m'attendais à un nouveau vendémiaire. Hier soir, la proclamation de la République paraissait chose fort drôle : on dirait que ce mot de république est un solécisme en francais. Mais l'entraînement ., gagnera; le parti radical saura exploiter sa victoire d'hier, et puis, malgré la soumission des républicains au suffrage universel, la République ne céderait pas, je le crois, même devant un vote de la nation. On trou- vera moyen de faire que le suffrage universel soit pour la République ; il y a des procédés pour cela. Les répu- blicains sont entreprenants; et le juste-milieu est si désorganisé, si faible de résolution I La Bourse de demain, les caisses d'épargne, les opé- rations de la Banque et l'attitude des puissanées nous apprendront bientôt quel degré de confiance inspire le Gouvernement provisoire. En attendant, la guerre de propagande, et puis la désorganisation de nos finances, une crise commerciale et financière, et tout ce qui s'en~ suit, me paraissent dès aujourd'hui inévitables. 'Quant à moi, je vais rester dans ma solitude et tâcher de m'orienter. Le temps est mauvais pour l'étude, et je n'ai pas de temps à perdre en flâneries. Peut-être vais-je être employé par le nouvel ordre de Biblioteca Gino Bianco

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