Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
DE P.-J. PROUDHON. 281 vaincu hier~ je n'ai pas grande foi au système d'au- jourd'hui. Mais il faut vous dire ce que je suis devenu. l)ès le matin, hier jeudi, je me mis en campagne et j'ai commencé ma reconnaissance. Plus de cinq cents barricades cqupent les rues et carrefours de Paris : c'est un labyrü1the de cinq cents Thermopyles. Vers midi, ayant tout bien Vü, je me rendis au bureau de la Réfor1ne, rue Joan-Jacques Rousseau, près l'hôtel des Postes. Le co1nité radical qui, la veille, ne demandait que le retrait des lois de septembre, avec quelques autres broutilles insignifiantes ; qui, hier matin, y ajoutait la réforn1e électorale su1·clela1·gesbases; qui, à midi, réclan1ait de plus l'organisation dit tratail, avec je ne sais quelle autre platitude, à deux heures parlait ùe proclamer la Républiqu~. ~t\.près<J:Uele président Flocon nous eut réconfortés d'une citation de Robes- pierre, comme un capitaine qui fait une distribution d'eau-de-vie à ses soldats, je fus chargé d'aller com- poser chez un imprimeur ces gros mots : Citoyens, Louis-P ltilippe vous fait assassiner·co1n1ne CliarlesX; qit'il aille 1·ejoindre ClzarlesX! Ce f11t,je crois, la pren1ière manifestation républi- caine. « Citoyen, me dit le père Flocon à l'imprimerie où je travaillais, vous occupez un poste révolutionnaire ; nous comptons snr votre patriotisme : >) « Vous pouvez compter, lui dis-je en riant, que je ne quitterai ma besogne qu'après l'avoir faite. >> Un quart d'heure après que la susdite proclamation fut distribuée, la fusillade commençait au Palais-Royal, et bientôt les Tuileries étaient enlevées. Voilà la part que' j'ai prise à la révolution. BibliotecaGino Bianco
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