Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
, ' 280 CORRESPONDANCE et-un de Charles X, qui, _eux aussi, ont fait une révo- , ' lution s&ns le vouloir. Ils seront éliminés, et ce sera jµstice. / La République est placée sous la tutelle de quelques honnêtes gens et de blagueurs de première force, mais d'une incapacité rare. Le 24 février a été fait sans idée; il s'agit de donner au mouvement une direction, et déjà je la vois se perdre dans le vague des discours. Je ne voudrais pas trop être pessimiste, d'autant plus quo j'ai pris part à l'action ; mais enfin, l'heure de la fièvre passée, je me remets philosophiquement à réfléchir; et, pendant que les intrigants, qui ne croyaient à rien il y a trois jours, partagent la victoire, moi qui avais tout prévu et qui étuis prévenu, je regrette que les choses n'aient pu s'arranger autrement. Certes, le progrès de la France s'accomplira, quoi qu'il arrive, par la Répu- blique ou autrement; mais il aurait pu s'accon1plir tout aussi bien avec le gouvernement déchu tel quel, et coûter beaucoup moins. Ah l certes, le grand n1alheur de M. Guizot est de n'avoir pu dire à la face du monde combien il était désabusé des fictions représentatives, monarchiques et autres ; là était, selon moi, le secret de sa politique, et comme, en fin de compte, c'est l'opi- nion contraire qui l'emporte (puisqu'une Républiqué, c'est toujours de la représentation et des guerres de tribune); la révolution qui vient de s'accomplir pour- rait bien être une mystification_ de plus. Vous savez 1 1non cher Maurice, quel cas je fais de ces pauvretés politiques qu'on appelle pompeusement les droits im- prescriptibles du peuple : le suffrage universel, le gouvernement des majorités , le régime parlemen- taire, etc., etc. Je cherche quelque chose de plus posi- tif, et c'est pour cela que tout en estimant peu le système Biblioteca Gino Bianco
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==