Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

DE P.-J. PROUDHON. 270 Le lundi soir, le banquet est contre1nandé, et l'in- surrection persiste. Le mardi, promenade universelle dans Paris. L'oppo- sition est vivement accusée de lâcheté. Pour se racheter do cette faute, elle met le ministère en accusation; c'était souffler sur le feu. Les barricades commencent, et le ministère donne sa démission ; on croit que tout est flni ; mais Louis-Philippe marchande ; il nomme Thiers et Molé. On trouve que cela ne suffit pas, et l'on conti- nue à se tirer des coups de fusil. Les choses en étaient là le jeudi, quand, sur l'insis- tance des insurgés, O. Barrot est nommé ministre et chargé d'apaiser l'émeute. 1\iiaisO. Barrot était dépo- pularisé; une proclamation signée de lui, on ne peut plus ridicule, achève de le déconsidérer. En même temps, ce grand parleur, grand imbécile, qui avait 80,000 homn1es pour appuyer son avènement, donne ordre de faire retirer les troupes; c'était laisser le champ libre à l'insurrection. Aussi le peuple avançait toujours, tant et si bien que hier à trois heures les Tuileries étaient en son pouvoir. En ce moment, Louis- . Philippe abdiquait, et O. Barrot espérait encore ; les paroles qu'il prononce à la tribune et dans lesquelles il est assez maladroit pour parler de guer1·ecivile, font rire de pitié. L'émeute entrait au Palais-Bourbon. Qui donc veut la guerre civile, lui pouvait-on dire alors, si ce n'est vous? A cinq heures, la République, timide la veille, peu rassurée le matin, et qui, à deux heures, ne croyait pas à elle-même, était proclamée. Ainsi, la Révolution, faite par une imperceptible minorité, repousse du pied ses vrais auteurs ; il en sera des députés de l'opposition comme des deux cent vingt- Biblioteca Gino Bianco

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