Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

DE P.-J. PROUDHON. 103 celle de vos Allemands. Pauthier m'en a fait de grands compliments. Bergmann me félicite de tout son cœur ; il va jusqu'à dire qu'il ne me croyait pas capable de tant et si bien faire. Cependant, il m'a fait quelques objections très-spécieuses, qui toutes provenaient, ainsi que je le lui ai fait voir, de ce qu'il avait perdu de vue une partie de mes propositions. Pour votre gouverne, voici maintenant ce que, rela- tivement à ce dernier écrit, je suis bien aise de vous dire. J'entends que tout ce que j'ai publié jusqu'à ce jour soit considéré comme études et exercices, dans la confidence desquels, il est vrai, j'ai cru devoir mettre le public, mais que néanmoins je n'entends pas com- prendre dans le cercle de mes travaux sérieux et durables. C'est à partir de ce jour que je voudrais, si rien ne s'y oppose, commencer ma carrière littéraire et scientifique. J'ai fait une grande accumulation de matériaux, d'idées, de tours de phrase, etc., etc. J'ai remué une masse de choses; tout est sur le chantier et attend la mise en œuvre. Il faut que je sois bien mal- heureux ou bien maladroit, si de tout cela je ne tire . ~ rien. Prenez donc votre résolution de revenir, et écrivez- moi de garder vos livres. Je serai à Paris en décembre, et j'y trouverai des sympathies et des moyens d'exis- tènce; au besoin, mes relations s'étendant toujours, je ne serai jamais au dépourvu d'emploi, ni exposé à manquer de pain. Sans femme, sans attachement, ne conservant plus de passion que l'amour du vrai, la haine du privilége et un immense goût pour la pro- menade, la conversation et la flânerie, j'espère mener gaiement ma vie de bohémien. La littérature se refait, les blagues romantiques tombent tous les jours; le Biblioteca Gino Bianco

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