Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
CORRESPONDANCE ciété, Paris n'est plus exclusivement le séjour de la science et du gout; on pourrait peut-etre aujourd'hui soutenir le contraire sans paradoxe. En philosopl1ie transcendante, Paris est nul en Europe, et, à part les séances de l'Académie des sciences, il est vrai de dire que la curiosité publique n'est alimentée que par les hon- teux produits d'une littérature frivole et sensualiste, ou par les jongleries de la politique. Mille causes me font abhorrer le séjour de la capitale et m'inspirent pour sa population désespérée une indicible pitié. Tout chante, tout rit, tout s'agite autour de moi : il semble que pour jquir on veuille entrer en convulsion. Les riches s'en donnent jusqu'à épuisement; les pauvres travaillent et épargnent pendant quatre semaines pour etre keureua; une nuit. - La nation française me semble ne pouvoir renaitre que de ses fragments. Quand je songe à cette race d'hommes qui depuis deux ou trois mille ans ha- bite les deux versants de la chaine du J ura, qui s 'y est conservée, à travers tant de catastrophes, presque inal- térée et non melée; quand je considère ces natures sé- rieuses et contemplatives, religieuses, quoique peu cré- dules, capables d'enthousiasme, mais non de fanatisme; ces · gens qui .ont entendu passer et mugir les révolu- tions, et n'ont encore vu que le ciel et leurs sapins, il :me semble qu"il y a là des éléments préparés pour la régénération nationale. Que les hommes de foi et de volonté s 'unissent done et fassent enfin prendre un role à notre peuple franc-comtois dans les. affaires du monde ; qu'ils f assent une chaine autour de lui pour le préserver de la corruption universelle; qu'ils l'instrui- ,;ent, le convainquent, le persuadent, et puis qu'ils at- tendent tout de lui. Ne cherchons pas notre gloire ni notre intérét personnel ; ne soyons rien que pour notre Biblioteca Gino Bianco
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