Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

• CORRESPONDANCE mairegénérale: « Puisque les mots sont I.essignes des idées, l'histoire du langage doit étre l'histoire de toute philosophie; et l'origine du langage, une fois expliquée, doit donner le principe des connaissances humaines. » C'est au développement de cette proposition que seront consacrées les premières études linguistiques et philo- sophiques auxquelles je pourrai me livrer. - Qu'on imagine une immense plaine où se trouvent péle-méle entassés, confondus , des débris de statues et de bas- reliefs, des futs de colonne, des chapitaux, des frag- ments de socles et d'entablements, des caractères hié- roglyphiques, des houts d'inscriptions, des vases, des autels, etc., etc. N'admirerait-on pas le savant et l'an- tiquaire qui liraient ce~ anciens caractères, reconnai- traient dans toutes ces ruines la destination de chacune d'elles, le style de leur arch_itecture, l'époque où toutes ces pierres auraient été taillées, les progrès mème que l'art a faits à l'époque où furent exécutés de si magni- fiques travaux, et jusqu'à la civilisation et à l'étendue des lumières en tous genres qu'elles supposaient chez le peuple qui laissa de si admirables vestiges de son passage? Or, tout cela a été en partie fait par les phi- lologues et les linguistes. Mais si un homme se présen- tait enfin et disait : « J e vais reprendre toutes ces ' ruines, je rajusterai tous ces morceaux de pierre, je reconstruirai le temple, je vous dirai toutes ses propor- tions, je publierai le nom de la divinité qui y était adorée, je dévoilerai le secret de ses mystères, je ferai connaìtre la doctrine de ses initiés, je montrerai le rapport de tous ses emblèmes et de la philosophie qu'ils voulaient peindre, >> celui-là n'aurait-il pas plus fait que les autres? Eh biel). r c'est ce qui reste à faire dans la philosophie du langage et, s'il, ne m'est pas donné Biblioteca Gino Bianco \.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==