Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

DE p .-J I PROUDHON. 41 qu'elle ne puisse jamais obtènir que la foi, mais non l 'intelligence, que croire sans con1prendre soit son der- nier effort? Pour moi, s'il m'est permis de raisonner humaine- ment sur ce que nous appelons révélation, je crois y voir le fond d'une philosophie universelle et toute pra- tique, dont les dogmes, dans leur expression la plus scientifique, dans leur énoncé le plus simple, ont sur- nagé à toutes les révolutions sociales, à toutes les cor- ruptions et dégradations de l 'humanité ; mais dont la raison, la démonstration, les corollaires etl'enchainement nous échappent, parce que nous avons perdu les titres de notre naissance, parce que notre ex trait de baptérve est anéanti, parce que, comme dit Salomon : nonestpriorum rnemo'l'ia. Je crois fermeinent que, vivants, nous pou- vons acquérir cette pleine intelligence que saint Paul nous a promise comme une des conditions delabéatitude céleste, non pas que nous puissions arriver à connaitre et pénétrer parfaitement l'infini, ni rien de ce qui sur- passe une nature contingente et bornée; j'entends seu- lement que cette connaissance, que la foi promet à ses élus dans l'autre vie et qui consiste dans la perception du comrnent et du pourquoi des vérités religieuses, nous pouvons l'acquérir dans celle.-ci. Au nombre de ces dogmes de la religion dont je par le, et que j 'appelle, moi, autant de p1~opositions d'une philosophie oubliée, je range l'existence de Dieu, l'immortalité de l'ame, la Trinité, l'origine du mal, la concupiscence, dont parle saint J acques, et toutes ]es vérités de morale évangélique, aujourd'hui si fortement attaquées, uni- quen1ent parce que nous ne les comprenons pas, et que notre raison seule est insuffisante à les défendre. J'ai osé écrire à la fin de mon petit P1J•aitéde g1·a1n- Biblioteca Gino Bianco

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