Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

I ,o CORRESPONDANCE turelle tout aussi bien que la loi révélée. C'est du n1oins mon opinion. J e ne serais pas embarrassé d'en tirer maint exemple, et de l'appuyer de l'autorité de vingt auteurs. Des conventions humaines, basées sur la conquéte, l'esclavage, la farce, le privilége ou la barbarie, c'est le fond de notre droit. Encore quelques siècles, et il en sera de mème de notre jurisprudence que de l'ancienne chimie à l'apparition des Lavoisier, des Priestley et des Davy : il n'en restera rien, abso- lument rien, si ce n'est quelques ruines éparses qui auront retrouvé leur véritable place dans la vraie jus- tice de Dieu et de la nature. Je ne me soucie pas davantage de faire un cours de médecine. Ce que j'en lis tous les jours suffirait pour m'en dégouter, par le charlatanisme avec lequel l'igno- rance ou l'ineptie se cachent aujourd'hui dans la plus ridicule technologie, quand je ne .saurais pas, d'un autre còté, que la partie la plus réellement utile à l'hu- n1anité, la thérapeutique, dans ses aphorisn1es les plus certains, dans ses ressources les plus sures, n'est en- core que de l'empirisn1e. Qu'est-ce que la fièvre? Nous n'en savons rien. Pourquoi le quinquina coupe-t-il la fièvre? Nous le savons encore moins. Mon esprit n'aime pas à marcher q.ans l' obscurité. · J .-J. Rousseau dit quelque par~ : « La philosophie, n 1 ayant ni fond ni rives, manquant d'idées primitives et de principes élémentaires, n'est qu'une mer d'incer- titudes et de doutes dont le métaphysicien ne se tire jamais. » Et il ajoute que c'est par impuissance d'ar- river par la raison à la connaissance d'aucun dogme consolateur qu'il s'est rejeté dans la philosophie du sentiment, dans le sei~ dc la religion. Est-il donc vrai que la raison hu1naine doive d~sespérer d'elle-méme, Biblioteca Gino Bianco

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