Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

36 CORRESPONDANCE vérité est que je me suis trouvé fort embarrassé, et que j'ai regretté que vous ne fussiez pas là. Item, vous de1nandez si je veux apprendre au public que j'ai concouru? Non, je ne le lui dirai pas; mais aussi, j'imprime sur ma couverture que le sujet a été proposé par l'Académie : dès lors, je suis censé parler à l'Acadén1ie. J'aurai à m'entretenir avec vous sur plusieurs locu- tions que j'ai hasardées, et qui me viennent du peu de philologie comparée que j 'ai fait : ce sont des imitations latines, grecques ou hébraiques. Il faudrait ~avoi~ ce qu'il est permis de faire pour l'enrichissement d'une langue et pour le transport des locutions étrangères. Le fond de tout ceci, c'est que nul n'écrit parfaitement qui sait ~rop de langues, ou qui en sait quelques-unes trop bien. Tout grand écrivain n'a été fort que dans sa langue. J e vous assure que j 'ai une démangeaison terrible d'envoyer la littérature au diable : cela 1n'ennuie et 1n'excède .• Je n'ai pas celle patience dont parle Béran- ger, et que je vous souhaite. J e voudrais pouvoir parler par formules, mettre tout ce que je pense en une feuille ; j 'en ti re rais tous les ans deux n1ille exem- plaires que j'enverrais g1·atis et /1·anco partout; et puis je composerais des lignes de plo1nb. Queje /asse des vers I Voulez-vous que je me fasse saigrier, que je me mette au lit, que je prenne l'émé- tique ou l'ipécacuanak ! J'aime mieux faire tout cela que des vers. Vous, vous irez loin ; vous avez la manie de l'art : vous sentez le beau littéraire, qui 1nc fait hailler, vous ètes homme à souff rir dix ans pour un succès. Votre vocation se montre bien plus dans vos remarques que Biblioteca Gino Bianco

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==