Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
CORRESPONDANCE vail, et dont il nous aura peut-étre fait part dans son livre posthume. Fallot possédait éminemment la plus belle et la plus rare des facultés intellectuelles, faculté qui seule l'a fait tout ce qu'il a été, et l'eut rendu peut-ètre le flam- beau de la France philosophique : ce n'était ni la mémoire, ni l'imagination, ni la réflexion, ni méme cette attention, dont il avait si bien reconnu la puis~ sance; c'était la faculté de compréliension, s'il m'est permis de donner à ce mot une acception peut-étre nouvelle. Il saisissait rapidement et avec facilité tout l'ensemble d'un système, en voyait toutes Ics consé- quences quelquefois mieux que l'auteur lui-mème. Cette faculté, ali1nentée et exercée chez lui par une assez grande érudition, et par des connaissances variées et acquises de jeu.nesse (entomologie, ornithologie, chiinie, physique, histoire et philosophie comparées), lui donnait une rectitude de jugernent, llne force de raison, une puissance de dialectique telle que j 'en ai vu peu d'exemples. Nous avons quelquefois passé en revue de vastes ouvrages, d'immenses édifices de la pensée humaine; et je dois dire que j' ai plus appris par cetle critique, et que je serai toujours plus rede- vable aux sot1venirs que je conserve de sa méthode, qu'à des études qui auraient été bien plus longuement prolongées. Avec tout cela, Fallot n'eut peut-étre fait qu'un médiocre professeur. Il était peu favorisé du còté de l'élocution; et la sureté de sa critique tenant plus à la lenteur de l'observation qu'à un instinct rapide, il était plus fait pour alimenter la presse que pour occuper la chaire. Mais, plus ie parle de sa belle organisation, plus je Biblioteca Gino Bianco
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