Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
DE P .-J. PROUDHON. se rapprochent de celles de Fallot; mais je ne sa che pas qu 'aucun auteur ait réduit si nettement le génie à une simple opération de l'entendement, l'attention. Qu'est-ce que ces illuminationssoudaines du génie, comme dit Bossuet? C'est l'attention, mais cette atten- tion de tous les in~tants de la vie, cetle attention que ne troublent pas, qu'entretiennent au contraire les occupations mème les plus dissipées de rexistence. C'est cette attention si continue, si prolongée, si per- pétuelJe, qu'elle saisit dans tout ce qu'elle voit, dans tout ce qui l'entoure, dans les accidents les plus impré- vus, qu'elle saisit, dis-je, dans le désordre et le tumulte, les parcelles de lumière qui doivent contribuer à l'expo- sition de la vérité, à la composition d'un chef-d'muvre. Le génie, dit Fallot, e'est l'attention. J'attends avec impatience, comme tous ceux qui ont connu Fallot, la publication de son livre, dont il m'avait dit autrefois quelques mots. ( Voyez lettre de l'année 1835.) Pour dire toute mon opinion sur Fallot, considéré comme linguiste, je ne crois pas qu'il eut été capable de savoir, je veux dire de posséder, le ~èopia 'l)eròorum de beaucoup de langues, ni méme d'en retenir parfaitement le simple mécanisme. Mais il avait au plus haut degré le talent de comparer, d'analyser, de discuter, de déduire des conséquences neuves, curieuses et fécondes, de faits et de matériaux inexploités. Comme tel, il eut surpassé peut-ètre les anciens et les modernes. Nous résolumes un jour de nous mettre à l'étude du grec ; la p_remière leçon fut le verbe Etp.l: il avoua que, s'il venait à bout de le retenir, il croirait savoir le grec. Cependant, j'ai su depuis qu'il s'était rendu fort dans cette langue, probablement parce qu'il s'était fait des principes et une méthode qui lui facilitaient le tra- Biblioteca Gino Bianco .. •
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