Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

{8 CORRESPONDANCE ment que cela que je voudrais consacrer sa mé- . moire. Quand j 'appris la nouvelle de la mort de Fallot, je sentis que la moitié de ma vie et de mon esprit m'était retranchée : je me trouvai seul au monde. Fallot laisse des amis qui le regrettent autant que moi, je n'en doute . pas : je n'ai pas versé une larme, car, je ne pleure jamais; 1nais, depuis, je n'ai pas peut-étre passé quatre heures de suite sans que son souvenir, comme une idée fixe, une vraie monomanie, occupat ma pensée. Mais, encore une fois, qu'est-ce que cela fait à ame qui ' vive? Si tous ceux qui l 'ont connu et aimé f aisaient son . oraison funèbre, il y en aurait un gros livre, et ce livre serait fort ennuyeux pour tous autres que ses auteurs. J e connus Fallot sur la fin de 1829. Après avoir fini ses études, il nvait été placé par son père dans une maison de con1merce, contre son gré. Aussi s'était-il bien promis d'en sortir aussitòt que sa majorité le rendrait maitre de ses actions. C'est ce qu'il fi.t. Sa vie à Besançon est connue; c'est ici que jc l'ai le plus sui vi; notre fréquentation ne fut jamais interrompue jusque vers le milieu de 1831, époque où il partit pour Paris, et moi pour la Suisse. J e le revis dans la capitale au commencement de mars 1832; j 'arrivai chez lui comme chez rnon père; le choléra entra avec moi. Il semble qu'alors tout cons- pirait contre nous. Il y avait cent à parier contre un qu'une fois à Paris je n'en sorLirais plus; et ce qui me désole aujourd'hui, c'est que j 'ai la ferme confiance que, si je fusse de1neuré près de lui, il ne serait pas n1ort. J'avais le talent ou le don de le. récréer, de le distrai re, de le f orcer ù prendre rruelque récréation Biblioteca Gino Bianco

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==