Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
I ,., J I DE P.-J. PROUDHON. 323 mistes fulminent contre moi pour qt1elques mauvaises plaisanteries que je leur adresse; que diront-ils, hon Dieu l l'année prochaine, quand j'aurai tué leur dada! Mais laissons approcher la nuée et considérons, obser- vateur tranquille, la marche de l'ouragan. J'ai toujours idée qtie tout cela se dissipera; on y regarde à deux fois avant d'attaquer un homme qui a bec et ongles, qui frappe fort et qui frappe just'e. C'est ce dont tu . pourras JUger. / Mais, mon cher, mon plus ancien camarade, si des clameurs de coteries, si une conjuration de journalistes écrivassiers parvenaient à me démonétiser aux yeux de cette grosse bete qu'on appelle le puhlic, n'ai-je pas d'avance mon dédommagement dans l'estime des hommes honnétes, indépendants, qui ne cèdent pas à l'opinion, et dans l'affection de mes amis? C'est une chose clans laquelle je me complais le plus; aucun homme n'a peut-étre autant de vrais amis que moi, et, dans le nombre, d'aussi essentiellement probes, d'aussi pleins de moralité, d'aussi remarquables, méme par le talent et la capacité. Avec les habitudes que je me suis faites et mes gouts un peu campagnards, tu sais s'il m'est facile de me consoler des tribulations de la litté- rature et du métier d'auteur. Quand je quitte ma plume, e'est comme si j e changeais de figure : me voilà rede- venu con1pagnon, flaneur, paresseux, aimant à courir et à gouillanàer, amoureux du café, du cabaret et de la grosse gaieté. Ne suis-j e pas fait tout exprès pour donner des coups de fouet à ce troupeau de matins qui ne savent happer que les moutons et que hurler contre les loups? Invulnérahle du còté de l'amour-propre, puisque je méprise leurs louanges, inattaquable dans ma vie privée, que veux-:tu que je craigne? J e ne suis Bibliote·ca Gino Bianco
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