Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
266 CORRESPONDANCE poésies. Je lui avais exprimé en quelques lignes mes inquiétudes sur les vers et mon peu de foi sur la poésie française à compter d'à présent. Il m'a répondu par quatre pages pour me convainc.re de l'utilité de ses vers. Il renonce aujourd'hui à la philosophie, à la philologie ; il n 'a pas, dit-il, la pensée assez vigou- reuse pour la première, et la mémoire assez vaste pour l'autre. Il se contente d'étre littérateur et métricien. Si je le tenais ici, je ne serais pas aussi làche avec lui qu'il y a deux ans, et j'oserais lui dire que, s'il ne se fait professeur de cinquième, quatrième ou n'im- porte quoi dans un collége, il est un sot. J'ai quitté Dessirier pour deux raisons : parce que je travaillais mal et avec géne, et parce que je dé- pensais 20 francs de plus par mois que je n'ai besoin. Mes affaires paraissant se gàter avec l' Académie ; il est à croire que je serai de retour à Besançon au com- mencement du printemps. Dans ce cas, je passerai l'hiver à lire et compiler, compiler, compiler. J''ai cru un moment, sur ]es flatteuses espérances de mes amis, que j'allais gagner de l'or· comme un Crésus; je songeais déjà à te rembourser, car le rembourse- ment d'un préteur qui sait si bien obliger est pour moi chose sacrée. J e me f ais f oree de garder ton argent. Je t'embrasse de tout mon crnur. P. -J. PROUDHON, Biblioteca Gino Bianco
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