Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

I 262 CORRESPONOANCE huit feuilles in-4° à deux colonnes par mois, plus la révision de tous • les manuscrits et la lecture des épreuves, ce qui supposait une science universelle toute acquise, et quinze heures de travail par jour. J'ai refusé. D'ailleurs, l'homme m'a déjà trompé une fois, et ne m 'inspire aucune confiance. Récemment, on m'a proposé d'entrer chez un juge ,auteur en qualité de secrétaire: 1,800 à 2,000 francs, six heures de travail par jour. J'ai d'abord accepté; puis, considérant qu'il ne me reste réellement plus que six mois de disponibles, sentant l'avantage d'en profiter sur-le-champ pour l'achèvement de mon éducation philosophique, ayant d'ailleurs conçu quelques soup- çons facheux sur l'ho1nme en question, j'ai remercié. Six mois de lecture et de méditation, mon ami I quand puis-je espérer de les retrouver? Je venais de faire cet héro1que sacrifice à la science, quand je reçus une lettre du secrétaire de l'Académie de Besançon, qui me prévient en substance que je suis attendu le 15 janvier prochain pour répondre aux questions <JllÌ me. seront adressées sur mon livre, et, si je ne puis comparaitre en personne, que j 'aie à. faire connaitre au plus tot mes moyens de défense. Le secré- taire ajoute que l'indignation est au comble, que mes amis n'osent plus me défendre de peur de tomber en suspicion, que tout le monde est, ou plein d'horreur, ou consterné de ma détestableòrochitre, de mes déclamations .lnragées, etc., etc. La lettre est officielle et confidentielle tout à la fois. On m'exhorte à me rétracter, seul parti raisonnable et digne; on m'avertit qu'il n'y a qu'une espérance de salut pour moi, c'est qu'il fa,ut les deux tiers des voix pour ma condamnation ; enfin les injures, les menaces, les flatteries, les conjurations, rien n 'est Biblioteca Gino Bianco '

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