Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

CORRESPONDt\NCE Paris, 1 er janvier 1841. A M. BERGMANN Mon cher Bergmann, je regrette que tes amours n'aient pas été suivies d'un plus heureux succès, d'abord parce que je voudrais te savoir heureux et content, et qu'une femme sied mieux à un savant qu'à un bour- geois épais d'intelligence, grossier par le creur, et dis- sipé. 'routefois, je m'en console par une réflexion que, sans doute, tu n 'aurais pas faite: c'est que les premières amours, qui dans les ames chastes laissent des traces si profondes, ont souvent le mérite de préparer un bonheur plus solide pour un second attachement. En général, mon cher ami, les jeunes amants ne savent pas ètre heureux de leur amour et jouir convenablement d'eux- 1némes; ils s'adorent assez niaisement; mais leur a.me a plus de vivacité et de flamme que de vraie chaleur ; souvent ils s'ignorent et ne savent pas tout ce qu'ils valent réciproquement; en un mot, l'art, le savoir, manquent à leur passion. Ce n'est point Je raffinement de la volupté que j 'entends te précher ici, c'est tout sim- plement la science d'aimer et d'étre aimé. Ce que tu me dis de la jeune personne me prouve qu'elle devait Biblioteca Gino Bianco

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