Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
DE P.-J. PROUDHO~. 255 elle une guerTe européenne où nous succomberions infailliblement. Avant le combat, la France serait démoralisée. Le Natio1ial et ses pareils pourraient bien avoir leur large part pour parler; mais ils n'auraient pas la mème puissance pour faire croire et espérer, encore moins pour rallier les intérets. J e vois clairement que nous approchons d'une crise sociale dont l'issue sera pour l'Europe un mieux universel; mais il ne m'est pas prouvé que la France n'y périra pas comme puis- sance de premier ordre. Puis-je donc considérer avec un flegme philosophique l'humiliation de n1a patrie? Point de publications littéraires; plus de grandeur et d'inspiration chez nos écrivains; rien que de petites idées, de petites phrases, de la philosophie miniature, un papillottage continuel. J e lis et relis Bossuet, Montesquieu, etc. Je n'en supporte pas d'autres. Lamennais va f aire parai tre une grande Philosophie en trois volumes in-8°; cela ne vaudra pas mieux que l'Esprit d'Helvétius, Oll le 8ystè1ne de la nature de Holbach; mais il faut au parti un philosophe tel quel et vous pouvez croire que les abstractions robespier- . ristes de Lamennais seron't pronées. Trois ou quatre hommes sont à mes yeux les fléaux , de la France; et je souscrirais volontiers pour une co11- ronne civique à celui qui par le fer, le f eu ou le poison, nous en délivrerait; ce sont Lamennais, Cor- menin et A. Marrast. Ce dernier est rentré au National, et ce journal, sous sa direction, n'a pas tardé à nous ramener l'ancienne Tribune. Je me console en pensant qu'il y a une providence pour les ambitieux, les cpar- latans et les sots. J'ai fait connaissance avec M. Tissot, qui a remporté Biblioteca Gino Bianco
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