Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

f iM CORRESPONDANGE belle place ! Oh I tartufe, menteur, carcasse sans entrailles ! On m'a rapporté que, le voyant pleurer et larmoyer, toute notre Académie s'étaitmise à larmoyer et pleurer aussi; et quand j'arrivai à .Besançon, on ne savait si l'on devait me rendre mon salut. Une nou- velle préf ace me vengera !. . . Mais laissons mes petites a:ffaires. Nous sommes dans un pétrin politiq:ue dont presque tout le monde s'effraie, et-que le Natiortal exploite mer- veilleusement. Grace à ses soins et à ses déclamations, l'on s'est remis depuis deux mois à chanter la Marseil- laise; la population est en défiance , la Chambre sans vigueur, les partis politiques plus aveugles et plus égo1stes que jamais. Les journaux ne discutent plus; ils s'injurient, se couvrent de boue, s'avilissent. Du teste, pas plus d'intelligence chez eux que de dignité et de bonne foi, Il y a un an, l'on pouvait croire que nous marchions à une réforme; aujourd'hui ·nous marchons -. .. à une révolution. La conduite du parti républicain a ~té, commc toujours, stupide depuis de11x ou trois mois; et si une réaction formidable ne vient à bout de l'écraser encore une fois, le .salut de la France et de la liberté me semble co1npromis. Je ne vois partout que dangers extrèmes. Le gouvernement est sans générosité, sans nobles sentiments, sans la moindre intelligence ;· les démocrates n'ont pour eux que leurs frénésies déma- gogiques et leurs grands mots, le tout accompagné de la soif du pouvoir, de l'or et des jouissances. Jan1ais nation ne fut tant bavarde et moutonnière que la nòtre. L'arbitraire seril peut sauver le gouvernement; mais que deviendrons-nous s'il trion1phe par l'arbitraire? D'un autre coté, s 'il est vaincu, une dictature peut-etre plus dangereuse encore n1e semble toute prete, et avec Biblioteca Gino Bianco .

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