Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
CORRESPONDANCE ètre que matière d'exercice et sujet de rhétorique; tandis que je souffre, que je bouillonne, que je tempète, vous mesurez mes phrases, vous passez à l'étamine quel4ues expressions un peu dures ; vous vous étonnez de me trouver moins poli qu'un Voltaire, un Hamilton, un Suard, etc. Hé I laissez un peu vos littérateurs courtisans et millionnaires, et regardez au-dessous de vous; regardez-vous vous-meme, et dites-moi si votre propre condition ne m'est pas une suffìsante exeuse. Quoi qu,il en soit, je vais changer de batterie; désor- mais, au lieu de tremper mes flèches dans le vinaigre, je les tremperai dans l 'huile; la blessure sera moins cuisante, mais plus surement mortelle. Le père W eiss me disait comme vous : « Mon cher ami, vous faites tort à votre cause par votre mani ère de la défend re; avez- vous oublié le mot d~ Henri IV : « On prend plus de mouches avec une cuillerée de miel qu'avec cent ton- neaux de vinaigre. » Il ne s'agit pas de prendre des mou- ches, lui dis-je, il s'agit de les tuer. Cette boutade fit rire notre excellent bibliothécaire, qui vaut à lui seul dix fois son académie. Enfìn, cela est dit, je vais ·me réformer. J e viens, après trois mois, de me relire pour la pre- mière fois, et voici ce que j' ai remarqué dans mon Quvrage. Il est beaucoup plus savant que je ne croyais le faire lorsque j 'y travaillais; c'est proprement un traité d'algèò?,.meétaphysique, comme il n'en a peut-étre pas encore paru. Il y a là une si grande masse d'idées faisant corps et si bien enchainées, qu'il ne faut pas peu d'attention pour en suivre ]e fil et en saisir l'unité. Par-ci, par-là, des morceaux assez bien écrits, quelque fois de l 'éloquence, en général une grande précision métaphysique et une méthode invulnérable. Je trouve, • Biblioteca Gino Bianco
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