Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

- • I , 08 CORRESPONDANCE Voilà, Monsieur, les faits tous secs : je viens à mes observations. J'ai déjà eu des conversations nombreuses et très- longues avec M. Droz: ce qui parait en étre résulté pour lui, c'est l'opinion que je suis un homme à par~- doxes. Il ne se trompe pas. - D'abord, il a voulu savoir quelle carrière je prétendais suivre. - La philosophie, la critique historique et la gram- maire comparée : telle a été ma réponse. - La philosophie I... mais quelle espérance pouvez- vous fonder sur des spéculations philosophiques? Tout n'est-il pas dit aujourd'hui ou à peu près? Quel sys- ème métaphysique, psychologique ou moral pouvez- vous inventer qui n'ait déjà été inventé? Les plus habiles de notre temps ne font plus, en désespoir de ause, que de récapituler ce qui a été dit avant eux. La philosophie n'est plus que l'histoire de la philo- sophie. Telles étaient en substance les objections de M. Droz. A tout cela, j'ai répondu du ton le moins affirmatif qu'il m'a été possible (je n'oublie passi vite les leçons · qu'on veut bien me faire) que j 'étais loin de croire quo \.• la philosophie eut dit son dernier mot; qu'elle '.était à peine ~rganisée; que la méthode, le but, la circons- cription des études philosophiques n 'avaient été bien définis que depuis une vingtaine d'anuées: que c'était tout ce qu 'il y avait réellement de fait dans la science ; que telle était l'opinion de M. Jouffroy lui-méme~ le se1:1Iphilosophe en · Europe que je regardasse comme digne de ce nom ; qu'il fallait aujourd'hui partir de là, et à l 'aide de l'observation et do l'expérience, chercher dans la solution des problèmes psychologiques la solu- tion de problèmes ultérieurs qui ,tourmenteut l'humanité. Biblioteca Gino Bianco

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