Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
llE P.-J. PROUDHON. 5i « l'audace, qu'il bénisse notre ardeur, et fasse triom- « pher sa cause. » Que pensez-vous que sente pol1r un amant une jeune personne à qui l'on parle de ce style? Je réponds à vos confidences. 22 aout. Tout ce qu'il y a de dévots, de tètes bigot~s et de prètres dans l'Acadé1nie est opposé à mon élec- tion. - Véritablement ce jeune ho1nme a de l'esprit; 1nais c'est une tète chaude. - C'est un esprit fort, <lit un autre. - Le vieux père Clerc, après avoir pleuré à la lecture de rnon n1émoire, a fini par dire : Cegaillar·d- là doit /aire un /art rnauvaiscouclzeu1·. Et j 'ai perdu sa voix et celle de son fils Édouard. Si j 'étais aussi sus- pect de républicanisme que je le suis d'indépendancc religieuse, je ne réunirais pas trois suffrages. Mes con- currents se flattent bauten1ent d'obtenir la pension. Pour moi, j 'ai déjà un avantage qu'on ne saurait m'en- lever. Si je suis éconduit par la 1najorité; je serai vie- time de ma profession de f oi politique et religieuse, et martyr de mes opinions; si je suis élu, il sera beau de l'avoir été malgré _ces mèmes opinions. Dans l'un et l'autre cas, je serai digne de vous. J'apprends aussi qu'on exigerait mon départ pour Paris; ce que l'on veut du pensionnaire, ce n'est pas seulement qu'il devienne un savant, mais qu'il acquière une belle position dans le monde. Il y a loin de ces idées à celles d'un égalitaire. 23 aoùt. J e reçois trois visites en mème temps à mon atelier. J'ai obtenu, au premier tour de scrutin, 19 voix contre 14. Je compte assez sur l'amitié et l'estime des frères P. d. p. pour oser espérer qu-'ils regarderont ma nomination comme un triornphe à Philadelphie. Faites des vreux pour que ma fragilité humaine reste fidèle à ses serments eL à ses convictions, et ne se laisse point Biblioteca Gino Bianco I I
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