Karl Kautsky - Le chemin du pouvoir

6 LE CITEMll'i DU POUVOIR Il y a dix ans déjà, j'écrivais à ce sujet : « Dans les deux cas, on a trop présumé de la force révolutionnaire, de l'opposition de la bourgeoisie». En 1847, Marx et Engels avaient escompté en Allemagne une révolution d'une portée formidable, une r,évolution semblable à la grande catJstrophe qui avait commencé en France en 1789. Au lieu de cela, on ne vit qu'un soulèvement mesquin, qui fit se blottir aussitôt presque toute la bourgeoisie effrayée sous les ai les des gouvernements, de sorte que ceux-ci s'en trouvèrent fortifiés, tandis que toutes les chances d'un développement rapicie étaient perdues pour le prolétariat. La bourgeoisie abandonna ensuite ·aux différents gouvernements le soin de continuer pour elle la révolution, al:ltant qu'elle en avait encore besoin, et Bismarck notamn:ent fut le grand révolutionnaire qui, en partie du moins, unifia l'Allemagne, · culbuta de leurs trônes des princes allemands, favorisa l'unité italienne et le détrônement du pape, renversa l'Empire en France et fraya le chemin à la Répqblique. C'est ainsi que s'accomplit la révolution bourgeoise allemande, dont Marx et Engels avaient, en 1847, prophétisé la venue prochaine et qui ne s'acheva qu'en 1870. Cependant Engels attendait encore en 1885 une << commotion politique» et supposait que« la petite bourgeoisie démocratique était de nos jours encore le parti » qui, dans la circonstance, « devait nécessairement en Allemagne arriver le premier au pouvoir». BibliotecaGino Bianco

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==