-- 4 - lui avaient interdit de se rendre dans le Polesine. N'ayant pas obtempéré à le.ur sommation, il fut enlev~, ligoté, emmené dans un camion durant toute une journée, frappé, blessé, et jeté dans un marécage. En 1921, il retourna à la Chambre ; il dénonça les violences inouïes des· fascistes et la complicité criminelle du Gouvernement. Banni de son domaine, il continua sa lutte sans arrêt. On peut dire que Giacomo Matteotti a vécu, au jour le jour, to.ute la tragédie du peuple italien. Nommé secrétaire du Parti socialiste italien unitaire, il se donna tout entier à cette tâche si difficile et si pleine de dangers. Il réus~it, malgré la dictature, à donner au Parti une vigueur et une force remarquables, à le faire redouter de ses adversaires par son action droite, ouverte, -loyale, Dans ces dernières années, si sombres et si douloure:uses., le Parti unitaire sut galvaniser l'opposition à la dictature, sans jamais froisser le~- autres groupements socialistes ou démocrates. Aux dernières élections, Matteotti avait été élu à Rome et dans la Vénitie. Il rentra à Montecitorio où il prononça son dernier discours, qu'on ne saurait lire encore sans éprouver: une émotion profonde. Sa droiture, son inflexibilité, sa force sereine, sa certitude que le fascisme représentait .une vague de moyen-âge ahattue sur l'Italie, se révèlent dans- ce discours qui est aussi un testament politique et moral. * * * Le 10 Juin une escouade de bandits à la solde du Uouvernement, avec une automobile louée au nom du Ministère, l'enleva à Rome, en plein jour, sous les yeux de plusieurs· personnes accablées par la terreur. On l'a martyrisé avant de le tuer. Un des assassins a avoué que Giacomo Matteotti n'eut jamais un seul n1oment de faiblesse. Poignardé, il a continu·é à crier sa foi et son mépris po.ur des· adversaires qui, n'étant pas en mesure de BibliotecaGino Bianco "
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