Pègaso - anno IV - n. 12 - dicembre 1932
Lettere inedite di Benjamin Constant al Sismondi 653 Causer avec vous serait pour moi un plaisir bien vif, vous lire quelque ~h~se de ce que j'ai fait me serait aussi bien nécessaire. Villers 1 ), que J'mme beaucoup, est tellement absorbé par une situation pénible entre un mari le plus_ ennuyeux des hommes, et une femme la plus exigeante des femmes, et de plus tourmenté de fortune, de santé et mème de posi– tion peu as-surée, que nous ne ca.usons que de ce qui se présente, à biìtons rompus, et sans aucune suite. Le reste des hommes qui habitent Gottingue, et qui ont ·tant de titres à la célébrité littéraire, ne sont occupés que d'eux. L'un ne parle aveç, l'autre ni de ses propres pensées qu'il veut écrire, ni des pensées de l'autre auxquelles il ne s'intéresse pas. On dirait des muets laborieux qui, à des époques fixes, viennent se montrer ce qu'ils ont fait tous seuls. Alor.s ils se font une révérence, il n'es:t plus question de rien entr'eux et chacun retourne à l'ouvrage. J'ai un peu pris de cette manière. Elle a son bon comme son mau– vais còté. Quand on n'a point d'autre juge que soi, on devient, lors– qu'on est de bonne foi, plus sév-ère pour soi-mème et moins paresseux. Il y a dans ce que j'ai fait jadis bien de choses que j'aurais mieux fa.ites, si j'en avais été seul responsable, mais ma paresse m'engageait à essayer si ce que je trouvais imparfait se.rait toléré, et mon humeur sans que je m'en aperçusse forçait les autres à la tolérance. Oependant avant de rien publier, si publication il y a, il faut que je voie si je ne suis pas trop enivré de mes idées. Et je voudraii-1bien que ce fftt vous qui vous chargeassiez de me déguiser. Malgré vos éloges de Paris je ne me sens pas une grande disposition à m'y établir. Dans le temps où notrè arnie, au milieu de nos orages, attaehait son dernier bonheur à me voir vivre dans le pays où elle voulait habiter, j' ai rompu tous les liens que j'avais fondés pendant quinze [ans]. Vendre ma campagne et, ce qui pis est, ma bibliothèque, et cette dernière privation me serait pénible, pour un établissement durable? J'ai besoin d'un travail continue! pour n'ètre pas abimé de mes pern,ées, et cependant il y a dans mon coeur un découragement et dans mon esprit une paresse qui se fatigue des moindres obstacles. J'ai perdu l'habitude de la conversation et d'ameurs de quoi ·peut-èlle à présent se composer? Le monde ressemble à ce perroquet d'un amiral qui s'étant trouvé sur un vaisseau 1011s d'une bataille, avait oublié tous les mots qu'il savait et ne repetait que Pon, Pon, Pon. Au reste ce n'est pas à nous, dans aucun temps, ni à nous surtout dans ce temps-ci à faire un projet. Les 1) Charles Villers, :::crittore d'origine francese stabilitosi in Germania, che molto cooperò alla diffusione in Francia del pensiero di Kant. Constant allude qui alla singolare condizione di Villers a Gottinga : egli viveva con la figlia di un pro– lfessore dell'Università, Dorotea Schloezer, - che aveva fatto studi filosofici, e che molto contribui da principio a orientarlo nella cultura germanica, - anche dopo che questa -si fu sposata con un commerciante di Lubecca (cfr. L. WIITMER, Oh. de Viliers, Paris, 1908). Constant era molto affezionato a Villers: quando questi mori, Constant in una lettera a Madame Récamier disse di lui: « ..... l'ami le plus intime que j'eusse au monde .... l"ho=e avec lequel j'ai passé trois ans en Allema– gne, et à qui j'ai d1ì tous les moments où je me rappelais la France» (B. CoN– STANT, Lettres à Madame Récamier, Paris, 1882, p. 155). BibliotecaGino Bianco
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