Pègaso - anno IV - n. 12 - dicembre 1932

Lettere inedite di Benjamin Oonstant al Sismondi 651 vous puissiez recevoir ma réponse. Dans ma dernière lettre à Fanny 1 ), je l'avais priée de m'informer de votre arrivée. a Genève. Mais pour la première fois elle a négligé de m'écrire. Je n'ai pas de ses nouvelles depuis plus de six semaines. Je vous remerde bien du présent que vous me destinez. Je le trou– verai à Paris où je serai forcé d' aller passer une partie de l' hiver. J'espère vous voir auparavant en Suisse, où je serai probablernent vers 1a fin de l'été. Je suis retenu ici par des affaires et j'en profite pour travailler. Mais d'autres affaires me. rappelleront en France, et je ne puis plus les retarder. Je n'ai pas besoin de vous dire que je vous lirai avec un extrèrne plaisir. Je retrouverai en vous oette langue qu'on ne parle plus, et ces pensée.s qui nous sont oomrnunes et dont l'échange a fait longternps le oharrne de ma vie. Elles disparaissent de notre terre. Il est heureux qu'elles soient encore recueillies dans quelques esprits et dans quel– {}Uesàrnes. Je crois que vous serez content ,de la direction qu'a prise mon ouvrage. Il me sernble qu'à présent nous devons nous rencontrer sur tous les points. Je ne sais si je pourrai trouver à sa publication les faci– lités que vous rn'annonc~z. Mais je l'achève sans rn'en rnettre en peine . .J'ai encore prodigieusernent à faire, mais j'ai pourtant prodigieusement avancé. Je vous écris dans un moment d'érnotion ti>ès vive. Je viens de lire dans les papiers le départ de notre arnie, dont je n'ai pas eu depuis plus de trois rnois une seule ligne. Qui rn'eu.t dit que j'a,pprendrais par une gazette la chose la plus importante de la vie ? Il y a eu rlans notre correspondance depuis son voyage quelque chose d'excessivernent bi– zarre. Elle s'est plainte sans cesse de ne rien avoir de moi, et ce.pen– dant je lui écrivais cornrne ses autres arnis et sans doute plus souvent. Elle n'a répondu qu'à deux de mes lettres. Mais l'une d'entr'elles était <le nature à lui prouver que je ne pouvais jamais e.esser de lui écrire, et ce.pendant elle rn'en a toujours accusé. En général je n'ai que trop vu une sorte de lutte et d'er nbarra,s de ses biens actuels, et des mouvements contraires auxquels elle céda.it alternativement. Je n'ai jarnais rien pu savoir de Fanny à cet égarcl, parce qu'elle n'est que son arnie plus décidée dans ce qu'elle a fait, et la justifiant plus ferrnernent et avec moins de nuance.s, parce qu'elle n'est pas un juge, mais une dépendance morale de la per,sonne qu'elle justifie. J'ai eu quelques soupçons que mes lettres étai~mt vues par l'homme à qui j'ai si rnalheureusement et par ma faute livré sa vie, et ma conviction inébranlable est que deux de se.s lettres à moi lui ont été dictées par lui. Tout cela est une sombre énigme que j'ai tellernent à me reprocher que je ne passe peut-ètre pas une heure sans que ma pensée en soit remplie. Ce que d'autres disent et écrivent là-dessus, et le blàrne que certaines démarches rnotivées par ce mouvement ont excité ne produisent en moi aucun e.ffet contr'elle, 1) Fanny Randall, una inglese entrata in casa della Stael come istitutrice, e divenuta poi intima di lei, tanto che fin che visse stette sempre colla Stael, e, dopo la morte di questa, colla figlia Albertina de Broglie. BibliotecaGino Bianco

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