Pègaso - anno IV - n. 12 - dicembre 1932

Lettere inedite di Benjamin Oonstant al Sismondi 649 fois plus fortes que les affaires. J'en ai d'a,illeurs aussi à, Paris et je ne pourrai me dispenser d'y aller, dans le courant de l'été. Je 'crains bien de ne plus vous y trouver, et cela m'afllige. Si vous etes à Genève, nous nous y verrons peut-etre. Je voudrais beaucoup rnus revoir, et pour vous meme et pour ce passé orageux mais animé qui forme dans notre vie à tous deux une longue époque. Take her for all in all, we'll never see the like of the again 1 ). Depuis cette époque, les intérHs doux restent encore, les intérets vifs ont cessé. Le monde s'écroule et je dors. Il ne me reste de cette époque que mon ouvrage: et je l'aime peut-etre autant par ce qu'il s'y rattache que pour t,oute autre raison. J'y ai travaillé, j'y travaille encore achar– nement. Je ne l'ai pas achevé, mais je m'en crois le maitre. J'espère · -que vous en serez content. Ne croyez pas ce qu'on vous dira de mes opi– nions. Je vous écris ceci parce qu'on m'a questionné là-dessus, et que le très petit nombre de gens qui pensent encore à, moi m'ont soupçonné d'exagération dans un sens, puis dans l'autre. Avec de la bonne foi, il est impossible -de trouver la route sans la chercher, et pendant qu'on la cherche, on va de droite et de gauche. Ce que je crois, c'est que vous trouverez que nous pensons assez de meme: j'en conclus que vous trou– verez aussi que j'ai raison. Vous aUez faire imprimer à, Paris votre cours de littérature. J'en .suis bien curieux. Votre histoire a eu dans toute l' Allemagne un succès prodigieux. J'ai vu des jeunes gens enthousiastes de vous, comme on ne l'est plus qu'ici. Mais en publierez-vous la suite? Je la désire. Il ne faudrait pas qu'un si beau monument restat incomplet. Voyez-vous M. Suard ? Si cela est, comme je le souhaite pour tous deux, dites-lui que je ne regrette guère dans Paris que les soirées que l'on causait chez lui. En Allemagne, on pense, on sent, mais on ne cause pas. J e crois que la conversation. me paraitrait aujourd'hui une -chose surnaturelle. Voyez-vQus Prosper et Hochet 2 ) ? Ils ont eu l'amitié de soutenir avec moi une correspondance qui m'a a.idé à supporter cou– rageusement la solitude de Gottingue. Vous n'avez pas l'idée de cette solit.ude. J'ai passé hier quelques heures chez un Professeur qui litté– ralement depuis trois semaines n'avait vu que des écoliers en public, et sa femme et ses deux enfants en particulier: et ce n'est pas un homme plus insociable que d'autres. Ils vivent tous de la sorte. On s'y fait très bien. On a des heures cl'abattement, puis on se relève, et l'on n'a à s'entendre qu'avec soi, ce qui devient facile quand l'extérieur ne vous trouble pas. On vit pour l'avenir dans sa pensée, et au jour le jour pour tout le reste de l'existence. Avez-vous rencontré un de mes amis appelé Fauriel? 3 ). Il avait 1) Riproduce, adattandolo, un passo di SHAKESPEARE (Hami., I, 2, 187): « Take Mm for alt in aiz, l shan not look, upon his like again >l. 2) Prosper è lo storico P. de Barante, amico della Stael, che sotto la I:.estaura– zione fu uno degli esponenti del partito dei dottrinari; per l'amicizia con Hochet si veda il citato lavoro del RuDLER. 3) Sui rapporti di Constaut col Fauriel si veda soprattutto il citato volume del GALLEY. BibliotecaGino Bianco

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