Pègaso - anno IV - n. 12 - dicembre 1932
J Lettere inedite di Benjamin Oonstant al Sismo11,di 643 à Genève; et dans ce nombre et au premier rang, vous savez que je place votre société, quoique j'en aie trop peu joui, dans les derniers mois de mon séjour. Je suis ici dans la solitude la plus philosophique qu'on puisse conce– voir, et quoique très voisin de Paris, je pourrais me croire à la Chine 1 ). Je n'ai point encore fait d'arrangeanent pour des journaux, et j'ignore tout à fait ce qui se passe. Ma devise est l'inverse de: fortunati nimiurn, si sua bona norint 2 ). Avant mon dépa,rt de Genève, j'ai prié un de mes amis d'Allemagne de m'adresser un ou plusieurs livres dont j' ai besoin, et j'ai assez compté sur votre bonté pour lui dire de vous les adresser, en mettant mon nom sur le titre. Ces livres doivent ètre des biographies de Frédéric II roi de Prusse. S'ils vous parviennent, je vous prie instamment de me les faire p3isse;r par la diligenc(1, et de me mander ce que je vous devrai pour ce que vous aurez bien voulu débourser pour moi. Déterminé que je suis à ne point écrire sur la politique, il m'a semblé qu'une bonne histoire de Frédéric II me replacerait au milieu de mes ~dées habituelles, sans me jeter dans les sujets que je veux éviter. Le règne de Frédéric II est séparé de nous par la révolution, ce qui fait que nous ne sommes pas assez ses contemporains pour ne pas pouvoir le juger, et il tient cependant à tout ce que la philosophie a de plus important. J'ai clone préféré ce sujet à celui de Louis XIII. Et si, comme je l'espère, rien ne me tire de ma solitude, de longtemps, j'y travaillerai avec tout 1(1zèle que peut inspirer l'espoir d'ètre utile, et tout 1(1calme qui résulte d'une impartialité complète, et de l'absence de toute crainte et de tout espoir. Je vous suppose occupé de votre còté de compléter votre ouvrage sur les Républiques d'ltalie. Vous ajouterez beaucoup à la considération que la Législation commerciale vous a justement acquis 3 ). N'oubliez pas seulement l'esprit du moment, qui demande des résultats, qui ne veut pas qu'on fatigue son ignorance par des allusions à des faits trop ob– scurs, et qui s'offense d'un autre còté si on a trop l'air de le croire ignorant, et de vouloir l'instruire des faits. Je ne sais comment je m'ingère à vous donner des conseils, à vou.s qui à 30 ans avez déjà élevé un superbe édifice à nos bons principes et réuni plus de connaissances qu'il n'en faut pour composer douze de nos publicistes les plus instruits. C'est mon amitié qui me fait chercher non pasce qu'il y a de plus agréable à dire, ce qui serait facile à trouver, mais ce qu'il y aurait à ajouter peut-ètre encore, et cela se réduit à bien peu de chose. Adieu. Aimez-moi, écrivez-moi, et croyez à un attachement qui ne finira qu'avec ma vie. La date de ma lettre vous donne mon adresse avec exactitude. Je yous embrasse. 1) l\la di questa solitudine Constant godé per poco: cfr. E. W. ScHERMERHORN, B. Oonstant, London, 192-!, p. 20-!. 2) Reminiscenza virgiliana. Veramente il verso delle Georgiche (II, 458) dice: « O fo1·tunatos nimiwm, sua si bona norint >). 3) .Allude all'opera, da poco pubblicata dal S1s:llO:).ìlI, De la Richesse Oommer– ciale oit Prinaipes d'Économie Politique, appliqués à la L<'gislation clu Commerce. Bib ioteca G·no Bianco
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