Pègaso - anno III - n. 9 - settembre 1931

262 Lettere di Edoardo Scarfoglio a Olga Lodi Ossani parents ruinés dans un krllik, et qui a su du cafè-concert remonter au théatre. Vous, qui etes une intelligenèe superieure, surtout dans les choses de la vie, vous ètes mieux que personne en mesure de comprendre quelle grande simpatie morale et artistique a du m'in– spirer cette jolie, creature, si brave, si volontaire, qui traverse des milieux fangeux sans se rouiller, et qui marche droit à son but à travers bois et marais, sans jamais se faire éconduire. Ce serait donc une mechanceté de vous la laisser voir de loin : ce n'est pas une beauté plastique: c'est, dans son ensemble, une personalité charmante et tout-à-fait remarquable, qu'il faut con– naitre toute enttère pour la juger avec equité. Ne croyez pas que je vous parle comme ça parce que je suis encore sous le charme de sa voix et de son inttmité : je n'aurais pas eté charmé si je _ne l'avais pas vue du premier coup telle que je vous lai décris. Du reste vos canotiers en diront quelque chose. Nous en causeront longuement quand je viendrai boìre à la sourcé de vòtre amitié compatissante et c~msolatrice. Vous saurez alors à quoi vous en tenir sur cette aventure, qui n'a èté du tout un caprice sensuel. J'avais besoin, après tant d'années, d'une vie d'animalité pure et de pure spiritualité, d'une emotion à la fois psichologique et voluptueuse. Peut-ètre ce besoin avait èté signifié par des événements re~ents et par des rencontres qui avaient eveillé au fond de mon ètre des souvenirs et des desirs du temps de jadis. Alors, c'est sérieux? Ma foi, je n'en sais rien. Nous verrons ça avec le temps. Probablement ça ne depend pas de moi. Peut-ètre je ne trouverai pas de la part de ma belle une correspondance assez parfaite et assez durable pour que la chose aille plus loin. Peut-ètre encore ce tendre attachement pour une cantatrice n'a été en moi qu'une illusion, un appas que j'ai voulu donner à mon àme émue par les paysages du Tibre et del' Aniene revus imprudemment aprè~ une absence si longue. Tout ça c'est de l'histoire psichologique à venir. Pour lè moment, quand je viendrai vous voir; je vous prie de pe vous mettre pas en frais de coquetterie. Je suis un homme à peine civilisé, vous le savez, et les ch,oses subtlles m'embarassent sans frapper mon immagination. Soyez simplement mon confesseur et donnez moi vòtre absolution ou envoyez moi à tous les diables~ -' Maintenant, je me demande pourquoi je vous ai écrit en français. Peut-ètre parce que je vis depuis dix jours dans un tourbillon de baisers et de petits mots frariçais? Peut-ètre parce que votre lettré c~~mençai~ en français? ,Ma _fo_i, j~ n'en ,sais rien. Pour sur, je n a1 pas fa1t ça avec la prémed1tat10n de vous épater, parce gne •vous n'etes 1 pas une bourgeoise. E. SCARF. BibliotecaGino Bianco

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