pouvoir: celui qui dirige participe au pouvoir, celui qui exécute en est exclu. La plusvalue extraite des exécutants par ceux qui détiennent des fonctions dirigeantes ne concerne plus tant le travail et ses fruits que la possibilité de choisir, la cr~ativité, l'enrichissement intellectuel; et cela, en raison du fait qu'une minorité monopolise les fonctions dirigeantes. Ainsi l'objectif prioritaire n'est plus tant l'abolition de la propriété privée que celui de la division du travail, où réside vraiment la source de l'inégalité. La voie à prendre, c'est d'automatiser au maximum les opérations productives et de distribuer de manière égalitaire, entre les membre actifs de la société, le travail humain résiduel; en d'autres termes, transformer la division sociale et technique du travail en une répartition sociale égalitaire du travail méme. L'autogestion est une variable dépendante de cette distribution sociale égalitaire. Faute de celle-ci, les réa!isations autogestionnaires isolées deviennent de simples « concessions » des détenteurs du pouvoir de décision et sont privées de toute possibilite de transformation sociale. MEISTER - Dans cet article, le terme de « self-management » est utilisé dans le sens de gestion collective d'une entreprise par l'ensemble de son persone!: organisation, exécution, contròle, etc. L'application du « self-management » dans des pays à économie socialiste planifiée (la Yougoslavie, l'Algérie) a donné naissance à ce que l'on appelle « autogestion »; dans les pays à économie « liberale », cela a donné la coopération. Dans le premier cas, selon l'auteur, l'existence d'un pian (plus ou moins contraignant) qui fixe !es objectifs économiques à atteindre limite de fait !'autonomie des entreprises, méme sur le pian de Jeur propre organisation, et restreint !es possibilités d'instaurer un véritable « self-management ». En Yougoslavie et en Algérie, l'observation suffit à montrer que l'autogestion est en réalité un moyen de réaliser l'intégration des masses aux objectifs de la classe dirigeante, et qu'elle n'a pas pour but le « self-management » en soi et pour soi. Dans les régimes à économie libérale, en revanche, l'absense de planification contraignante laisse aux entreprises une liberté quasi totale. Les expériences coopératives, tout en réalisant en Jeur sein un « selfmanagement » plus coµiplet, se sont néanmoins montrées incapables de contribuer à la transformation de la réalité ambiante dans un sens coopératif: le haut degré de « dérnocratie interne » ,atteint par la pratique du « self-management », reste confiné au cadre restreint de l'entreprise. Des problèmes analogues se rencontrent dans l'enseignement. Au niveau scolaire, l'existence d'un pian national (en plus de certains traits structureles) limite cn fait la possibilité d'autonomie et, par là, de « self-rnanagernent ». A !'inverse, dans l'instruction post-scolaire (formation des cadres, des adultes, etc.) les possibilités d'autonomie sont plus vastes, mais on y trouve la méme tendance à l'« introversion » que dans la coopération, correspondant à l'impossibilité de modifier la société alentour. En conclusion, il est nécessaire que des transformations structurelles se produisent dans la société avant la mise en oeuvre du « selfmanagement », pour que sa pratique puisse libérer toutes les potentialités d'émancipation. 243
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