FREDDY GOMEZ thése de la « PAi-bras armé». Elle était la première tentative sérieuse du pouvoir d'évaluer la capacité de résistance de la CNT, en faisant d'elle un « syndicat terroriste». Contrairement à ce qu'on pouvait, cependant, penser, étant donnée la faible infrastructure de l'organisation, la CNT réagit vite et fort et s'effacèrent, le temps d'une mobilisation, toutes les rivalités internes. Le Comité régional et la fédération locale de Barcelone n'hésitèrent pas un seul instant. La base prit, sans attendre aucun mot d'ordre, les initiatives et organisa la contre-information. Et la CNT exigea réparation à l'Etat et à la police, ouvrant immédiatement une contre-enquête pour dénoncer les véritables auteurs de l'attentat criminel. Rondement menée, la campagne de la CNT obliga le Gouvernement civil à baisser les bras et à déclarer: « A l'évidence, la CNT n'a rien à voir dans l'incendie de La Scala ... ». (30) La CNT catalane avait donc résisté, mais - postérieurement - l'opération Scala eut indéniablement des conséquences à l'intérieur de l'organisation. Elle y laissa des traces. A travers l'affaire Scala fut posée, une fois de plus, la question de la lutte violente et de l'activisme de certains groupes autonomes (31). Débat difficile et houleux, polarisé en deux tendances, l'une considérant que la CNT ne s'était pas suffisamment impliquée dans la défense des emprisonnées, l'autre refusant tout appui - déclaré ou tacite - à des groupes pouvant compromettre la consolidation de la CNT dans le monde du travail. Cet antagonisme se manifesta particulièrement au cours d'un (30) La citation est extraite de Cambio 16, correspondant au 26 janvier 1978. En organisant l'opposition active au Pacte de la Moncloa et le boycott des élections «syndicales», la CNT n'avait cessé de contredire les plans du pouvoir, du patronat et des « interlocuteurs valables» (les centrales réformistes). Celles-ci, après avoir hésité, profitant de la situation crée par l'attentat pour tenter de jeter le discrédit sur « l'irresponsabilité» de la CNT, ne purent faire autrement que signer une déclaration (UGT, CO et «unitaires») de solidarité avec la CNT, en butte aux persécutions policières ... (31) La tentation activiste - constamment présente - a été, ces derniers temps, au centre des préoccupations de la rennaissante CNT. Plusieurs groupes autonomes de combat venaient d'être démantelés par la police~ Madrid, Valladolid, Cordoba, etc. Confrontés à ce phénomène, les militants de la CNT ne refusèrent jamais leur solidarité aux victimes de la répression, mais se considéraient, néanmoins, en droit de critiquer l'incohèrence fondament~!e de ceux qui, faisant mine d'abhorrer les « syndicalistes de la CNT » lorsque les vents n'étaient pas contraires, n'hésitaient pas à exiger leur protection en cas de besoin ... On peut les comprendre. 96
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