Interrogations - anno V - n. 16 - ottobre 1978

DOSSIER CNT Rien qui pouvait justifier surtout, comme ce fut le cas, l'édition d'un supplément de « C.N.T. », spécialement consacré au plénum de septembre 77 et aux résolutions adoptées... Il reste que, lors de ce plénum, le Comité national, après un décompte par région organisée, avança le chiffre de 120.000 adhérents à la CNT. Concrètement, le plénum amplifia la crise interne plutôt qu'il ne la résolut. Par son caractère irrévocable, la démission - logique et justifiée, d'ailleurs - du Secrétariat permanent eut, en effet, comme conséquence d'ouvrir une véritable course au pouvoir. Oubliant que ce secrétariat n'avait, dans une organisation libertaire de type fédéraliste, qu'une fonction de coordination, les tendances commencèrent à se livrer à un chassécroisé de manoeuvres et de contre-manoeuvres pour se placer en tête de liste, confondant la CNT avec un quelconque parti et le Secrétariat permanent avec un comité central à vocation exécutive. Plusieurs délégations, conscientes du problème, avaient tenté, lors du plénum, de maire revenir le précédent Secrétariat permanent sur sa décision et de le convaincre de se maintenir quelque temps encore en fonction. Malgré ses faiblesses, en effet, celui-ci avait plus ou moins su se maintenir au-dessus des tendances et garder son image d'indépendance. Mais rien n'y fit. Le Secrétariat permanent maintint sa décision et la région Centre fut chargée de désigner le nouveau Secrétariat. Ce fut précisément là que la lutte se déroula avec la plus grande âpreté et, plus particulèrement, à Madrid. Elle dura huit long mois. Qui aurait pu le dire! Huit mois insupportables, pendant lesquels l'organisation, perdant toute crédibilité, fut incapable de maintenir le cap et assista, impuissante, au départ de nombreux militants, écoeurés par le triste spectable qui se déroulait devant leurs yeux. Prisonnière de ses problèmes domestiques, la CNT s'avèrait, à Madrid surtout, incapable de promuovoir un véritable mouvement de résistance au Pacte de la Moncloa, accord de paix sociale établi entre « l'opposition », le patronat et le gouvernement et ratifié par les centrales réformistes (24). La situation de l'émigration doivent, en tout cas, être résolus par les intéressés eux-mêmes, en évitant toute interférence, d'un côté comme de l'autre ... ». Vaines palabres, en somme. (24) Le Pacte de la Moncloa laissait les mains libres au patronat puisque les « interlocuteurs valables » (partis d'opposition et centrales réformistes) se chargeaient de freiner les aspirations revendicatives de la classe ouvrière. 89

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